Par Julien Martin, journaliste à Rue89
Chaque personne qui est déjà allée sur Rue89 a pu s’en apercevoir : Rue89 est un site gratuit. La gratuité est pour nous l’essence, sinon l’esprit, du Web. Sur Internet, on n’est pas focalisé sur un titre comme on l’est sur un journal, mais on vogue de site en site, à la recherche de l’information la plus accessible, même si aussi et heureusement de l’information à la plus forte valeur ajoutée.
Dès lors, la publicité s’est imposée comme la source de financement la plus logique. A nous de faire attention de ne pas tomber dans une course à l’audience pour la faire grimper et de ne pas dépendre d’un annonceur à ne pas froisser. La solution est simple : déconnecter totalement l’éditorial de la publicité. C’est évident, mais ça va mieux en le disant.
A la naissance de Rue89, nous avons cependant eu comme objectif de ne pas tout miser sur la publicité. D’abord pour diversifier nos sources de revenus et les augmenter. Ensuite parce que la première année, l’absence de notoriété ne permet pas de dégager suffisamment de revenus publicitaires.
C’est ainsi que nous avons mis en place une activité de prestations de services. Nous nous sommes servis de notre savoir-faire sur Drupal pour développer des sites pour des clients. Le premier a été le Nouvel Obs, pour qui nous avons développé son site littéraire, BibliObs.
Bien nous en a pris car cela nous a permis de dégager des revenus dès la première année, ce qui est plutôt rare chez un média naissant. Et, surtout, de pouvoir ensuite faire face à la crise de la publicité, que l’on n’avait évidemment pas prévue, mais qu’il a bien fallu affronter.
Une autre branche est venue s’ajouter à la publicité et à la prestation de services, courant 2009, après deux années d’existence de Rue89. Comme pour la gratuité et la publicité, Drupal et la prestation de services, les choses se sont faites naturellement. Les journalistes de Rue89 étaient fréquemment sollicités par les écoles de journalisme, au point où cela nous a donné l’idée de créer notre propre organisme de formation.
C’est désormais chose faite : nous effectuons de la formation continue pour les journalistes souhaitant apprendre les techniques de l’écriture multimédia, appréhender les réseaux sociaux, connaître le fonctionnement du référencement… Nous réalisons également des missions de conseils.
Aujourd’hui, la publicité représente en moyenne 60% de nos revenus, la formation 25% et les prestations de services 15%. Chacune des trois activités est à la fois réalisée en partie avec les ressources internes et en partie avec des ressources extérieures (sous-traitance, appel à des formateurs…).
C’est évidemment sur la publicité que nous sommes le plus actif : nous avons une régie publicitaire (Hi-Media), mais aussi un service commercial interne, qui gère les partenariats, les liens sponsorisés, la marque blanche…
Le but est d’engranger des revenus grâce à notre coeur de métier qu’est le journalisme. Les journalistes ne s’occupent ni de la publicité ni des prestations de services et, lorsque nous faisons de la formation, nous ne nous en éloignons pas beaucoup. La recherche d’autres sources de revenus se fait toujours en ce sens. C’est encore le cas dernièrement avec la sortie de Rue89 Le Mensuel.
Après deux augmentations de capital réalisées auprès d’actionnaires choisis, plus de 60% du capital de Rue89 est détenu par ses quatre fondateurs et ses premiers salariés. Le pari est aujourd’hui en passe d’être réussi. En faisant le journalisme que nous aimons, nous avons été quasiment à l’équilibre au quatrième trimestre 2009 et au deuxième trimestre 2010. Nous devrions atteindre cet équilibre au quatrième trimestre 2010, et sur toute une année dès 2011.