Par Jean-Marie Charon, membre d’Obsweb
Les rédactions où opèrent les webjournalistes revêtent les formes les plus diversifiées. Du point de vue quantitatif les équipes peuvent ne compter qu’une poignée d’individus comme à Humanité.fr ou plusieurs dizaines comme Lefigaro.fr ou Lemonde.fr. Il faut sans doute faire une première distinction entre les rédactions dédiées, plus ou moins complètement autonomes des rédactions de l’imprimé, radio ou TV, les rédactions recherchant ou réalisant l’intégration ( PQR, presse d’opinion ou Lesechos.fr), sans parler des pure players.
Une petite typologie est sans doute possible selon les approches éditoriales : 1) actu chaude généraliste, en compétition pour les premières places en matière d’audience (Lefigaro.fr, Lemonde.fr, 20Minutes.fr, etc.), 2) opinion, critique (Humanite.fr, La-croix.com, etc.), 3) analyse, enquête (Mediapart.fr, Rue89.com, Slate.fr, etc.), 4) Information locale (PQR), 5) information spécialisée (Lesechos.fr, Lequipe.fr, etc.). Sans parler de la presse magazine spécialisée.
Selon le niveau d’intégration ou non avec la rédaction d’un média partenaire et la stratégie éditoriale, les profils de compétences journalistiques et les emplois varient substantiellement : importance des desks pour les sites d’actualité chaude, insistance sur la polyvalence et l’écriture multimédia, spécialités journalistiques classiques teintés d’une compétence multimédia pour les sites d’enquête et d’analyse (Rue89, Médiapart.fr), spécialistes de l’animation de communauté, la mise en scène de la page d’accueil, emplois fixes en rédaction et contributions externes de journalistes (pigistes comme à Slate.fr) et non journalistes (Rue89.com, Lepost.fr : experts ou communauté), etc.
Le tout est bien évidemment à penser dans un contexte d’extrême incertitude éditoriale (les contenus qui vont rencontrer les attentes du public), professionnelle (attitudes des rédactions disponibles ou non à l’intégration, la créativité, l’innovation), technologique (multiplication des supports appelant des spécificités éditoriales), économique (rares sont les sites à l’équilibre).
Faut-il enfin envisager des spécificités nationales ? A priori les modèles et les références sont très internationaux, avec une attention particulière portée à la presse nord-américaine et britannique. Les particularismes nationaux en matière d’entreprises et de pratiques médias sont cependant forts. Se retrouvent-ils sur le numérique ?