Philippe Couve, créateur de Samsa.fr, interviendra dans le cadre de la table ronde n°3 ayant pour thème Comment transmettre une culture de l’innovation ? (jeudi à partir de 14h45).
Il débute sa carrière de journaliste en radio chez France Inter au début des années 1990. Passé par le service AFP Audio, il rejoint RFI en 1995. Après cinq ans comme présentateur de journaux et grand reporter, il devient rédacteur en chef du site web de RFI après avoir réalisé ses premiers reportages multimédia : « Il m’est apparu tout de suite que le média web était un vrai média, d’une puissance extraordinaire. […] J’ai fait ça pendant six ans. J’ai appris pas mal de choses et notamment comment convaincre des journalistes traditionnels de venir collaborer et s’investir sur le web, ce qui n’était pas évident dans la première décennie des années 2000. »
Cet attachement au web ne quittera pas Philippe Couve, même après son retour à la rédaction radio RFI en 2006. « J’ai passé six ans à essayer de mettre de la radio dans le web et le reste du temps à mettre du web dans la radio. J’ai créé L’atelier des médias, une émission hebdomadaire qui avait pour particularité unique à l’époque d’être basée sur un réseau social, avec une interaction permanente entre l’équipe de l’émission et les internautes, mais aussi les internautes entre eux. » L’émission a non seulement perduré (elle est toujours diffusée sur RFI) mais elle a donné naissance à d’autres projets dont Mondoblog, « une plateforme de plus de 100 blogueurs francophones, formés aux techniques du blog, et qui constituent aujourd’hui une communauté vivace ».
En 2010, Philippe Couve quitte RFI. Il collabore un an avec Rue89 et Owni sur le développement de leur activité de formation. La même année, il crée Samsa.fr auquel il consacre aujourd’hui tout son temps. « Je fais du conseil, de la formation et du développement éditorial pour des médias ou des marques qui ont besoin de développer des stratégies de contenu numérique en ligne ».
« Aujourd’hui, il ne reste qu’une minorité de réfractaires »
« Depuis un an ou deux, on peut dire qu’on a franchi un cap. Pendant les années 2000, j’ai passé beaucoup de temps à essayer de convaincre mes confrères qu’il était en train de se passer quelque chose de très important, qui bousculait la manière dont on devait produire l’information et la manière de la consommer. Ce discours était souvent écarté et rejeté. Beaucoup disaient “je n’ai pas le temps, il y a d’autres gens pour s’occuper de ça” ».
Philippe Couve voit deux raisons à ce changement qu’il date de 2010. « Les journalistes voient leur entourage et leur public se comporter différemment, comprennent qu’Internet est le seul accès à l’information pour beaucoup de gens et parmi eux des personnes du troisième âge. […] D’autre part, la solidité économique des médias qui les emploient est remise en question jour après jour. Ils ont compris la menace et savent qu’il est aujourd’hui nécessaire de pouvoir faire état de compétences multimédia. Une grosse majorité des rédactions ne contestent plus le fait qu’il va falloir s’adapter à de nouvelles manières de produire et de consommer ».