La transmission d’une culture d’innovation, une nécessité pour aller de l’avant


L’innovation doit être portée par des acteurs créatifs et allant au-delà des contraintes qui leur sont imposées pour s’exprimer. Mais ces acteurs, notamment en France, restent relativement peu nombreux dans le domaine journalistique, dont l’offre a du mal à se renouveler depuis l’arrivée du web. D’où la nécessité de transmettre une culture de l’innovation.

photophilippecouvePour Philippe Couve, journaliste entrepreneurial, la difficulté pour innover est de sortir de sa « zone de confort ». « Il faut penser hors du cadre : l’ampoule n’a pas été inventée à partir la lampe à huile mais indépendamment ». Il précise qu’en allant chercher des idées dans d’autres corps de métiers, d’autres backgrounds, il est plus facile de générer de nouvelles idées. Mais les conditions d’innovation ne sont pas réunies pour être optimales dans les rédactions, entre effectifs de moins en moins importants et pression croissante.

Lors des 3es Entretiens du webjournalisme, Suzanne Galy, rédactrice en chef d’Aquitaine Europe Communication, nous a expliqué une expérience réalisée à l’IJBA dont le but était d’imposer aux étudiants de s’ouvrir à une nouvelle forme de journalisme. Aidés par de jeunes développeurs et graphistes, ils avaient pour objectif de créer une data visualisation. Le but était de décloisonner l’activité du journaliste afin de créer un cadre favorable à la créativité. Encadrés par des experts en cartographie, démographie, développement, statistique et graphisme, ils se sont vite rendu compte que dans le cadre d’une gestion de projet, gérer le travail collaboratif devenait compliqué. L’acquisition d’une méthodologie et d’une ligne de conduite (acquisition de savoirs préalables, développement d’un savoir-être vertueux, rencontres à un temps T et un lieu L, désignation d’un chef de projet, persévérance, rigueur, financement)  a été obligatoire.

Autre méthode originale pour Romain Saillet, initiateur du projet Media Lab Sessions. S’inspirant de ce qui se fait aux Etats-Unis, où le travail collaboratif marche à plein régime, il a souhaité regrouper des laboratoires, médias, formations et entreprises, chacune de ses institutions pouvant apporter quelque chose à une autre. Le concept est simple : en 48h, les personnes intéressées réfléchissent à un projet média et proposent une idée, éprouvée par des mentors et des parrains, issus de ces précédentes institutions. Ils recherchent alors des solutions à leurs problèmes et peuvent ensuite réaliser un prototype. Celui-ci est défendu pendant cinq minutes devant un jury. Les gens arrivent avec leur idée, ils repartent au bout de 48h avec un véritable projet. Ou bien ils comprennent que leur idée est irréalisable sous l’angle qu’ils ont abordé si leur présentation est un flop. Un moyen rapide et pertinent d’aboutir à quelque chose de structuré, possible grâce au partage des compétences.

Ces expériences sont des pistes à exploiter pour la transmission d’une culture d’innovation dans le journalisme. Anne Carbonnel en a retenu l’aspect RH de la problématique. Pour les organes de presse, se posent en effet des questions de plus en plus complexes au vu de la multiplication des compétences : comment et qui recruter ? Comment évaluer ces aptitudes ? Les journalistes doivent-ils être formés aux nouvelles formes de journalisme ?


A propos de Obsweb

Le programme de recherche OBSWEB - Observatoire du webjournalisme (CREM - Université de Metz) étudie les transformations en cours au sein de la presse d’information avec l’avènement d’Internet et de l'écriture multimédia.