Arnaud Mercier, Jean Michel de Marchi, Eric Scherer et Denis Teyssou soulignent l’importance de la recherche et du développement dans les entreprises de presse lors des 3èmes Entretiens du webjournalisme à Metz.
L’obligation de l’innovation est une impérieuse nécessité. La démocratisation d’Internet et des réseaux sociaux ont bouleversé la place, l’importance et la diffusion de l’information. Les publics sont désormais autant producteurs que consommateurs et l’univers médiatique en devient hyperconcurrentiel. Les spécificités d’Internet et du web 2.0 peuvent permettre aux organismes de presse de se renouveler si ceux-ci appréhendent continuellement la démarche de l’innovation. Toute la presse doit franchir le pas, tant les anciens colosses que les entreprises plus modestes.
Denis Teyssou, co-responsable de la recherche et du développement à l’AFP, affirme qu’il « est désormais obligatoire d’utiliser les nouveaux outils. ». Il expose son récent projet, intitulé Earthnews, une carte interactive alimentée par les informations de l’AFP, qui sont diffusées dans toutes les langues répertoriées par l’organisme. Un exemple qui illustre la créativité, le détournement et l’hybridation intrinsèques à l’innovation journalistique.
« Les modes de narration se renouvellent indéfiniment »
La sérendipité, le fait de réaliser une découverte par hasard est le propre du journalisme de demain. Arnaud Mercier, responsable d’Obsweb, préconise de « savoir être aux aguets sur le web ». « Grâce aux réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, les modes de narration se renouvellent indéfiniment et de parfaits inconnus peuvent partager l’information sur un même espace » observe-t-il. Le professeur à l’université de Lorraine argue qu’« Internet entraîne une synchorisation dans laquelle l’information doit trouver sa place ».
Si les possibilités sont nombreuses et incitatives pour certains, d’autres affichent une certaine réticence. L’écosystème d’internet est la gratuité, les entreprises de presse n’ont toujours pas trouvé d’équilibre économique via les contenus numériques. « Le journalisme ne sait pas où il va, mais il faut y aller » tonne Arnaud Mercier.
« Il faut sans cesse expérimenter »
Jean-Michel De Marchi, rédacteur en chef adjoint à Satellinet, renchérit : « il faut aller au delà et aux devants des attentes des internautes ». Pour ce faire, des organismes tels que Le Monde ou l’Express créent des pôles d’innovation pour les nouveaux médias afin de réinventer de nouveaux outils. « Il faut sans cesse expérimenter, les médias n’essayent pas assez malgré certaines velléités. Il est crucial de tester et de voir ce qui peut marcher » confirme Éric Scherer, directeur de la prospective et de la stratégie numérique à France Télévisions.
Les nouveaux écrans, comme les tv connectées et les tablettes, impliquent donc l’innovation journalistique sous plusieurs formes, notamment le datajournalisme. Cette perspective d’innovations permanentes entraîne l’incessante émergence de nouveaux acteurs tels que les webdesigners, des ONG, des informaticiens. La pérennité du journalisme passe par la réinvention perpétuelle par le biais d’une collaboration entre tous les acteurs, tant professionnels que publics.