Fabrication, production, diffusion … Les collaborations des entreprises de presse avec d’autres acteurs se font à tous les niveaux, sans forcément de liens évidents entre leurs objectifs. Compte-rendu de la troisième conférence des Entretiens du webjournalisme, dédiée aux innovations collaboratives pour les entreprises de presse.
Associer amateurs et professionnels
L’intervention des « amateurs » dans le travail journalistique doit s’imposer. C’est en tout cas ce que l’on retient de la présentation de Nicolas Loubet, le créateur de l’Umaps, une agence de services multimédia, et de Knowtex.com, un « réseau pour les créateurs de communautés ». Pour lui, la technologie, le smartphone en particulier, a permis la création d’une « génération de reporters amateurs qui sont capables d’être les meilleurs interlocuteurs des journalistes ». Seul problème, « c’est un gros bordel, il faut organiser cette multitude d’interactivités ». C’est le défi que lance Nicolas Loubet au journalisme, en prenant l’exemple de plusieurs initiatives récentes. Parmi elles, le live-tweet d’exposition au Quai Branly ou encore une émission de radio-dessinée. Organiser pour créer de nouvelles formes d’informations, pour Nicolas Loubet, ce n’est que le début. Et de conclure avec la formule employée par Xavier Damman, « Aux smartphones citoyens ».
Réduire les coûts
En parlant de smartphones, José Levices, le fondateur de MVS, travaille justement à « créer des systèmes de reproduction de contenus pour l’adapter à chaque support ». L’objectif : « diminuer les temps de fabrication et de production, afin de réduire les coûts ». MVS développe ainsi des solutions cross media auprès de plusieurs organismes de presse. En ce moment, l’entreprise travaille aussi sur le projet « Relief » avec l’Atilf (Analyse et traitement informatique de la langue française), un laboratoire du CNRS. « L’idée, c’est d’analyser de manière sémantique un texte, pour trouver son essence, les thèmes abordés, les mots clés, afin de créer un système de reproduction ». Le tout, assure-t-il, « sous le pilotage du journaliste ». Des programmes conçus pour réduire les coûts, et donc « pour les patrons de presse plus que pour les journalistes » fait remarquer une personne du public.
Développer des offres payantes

De gauche à droite : Nicolas Loubet, José Levices, Michel Agnola, David Lacombled
Pour David Lacombled, délégué à la stratégie des contenus chez Orange, le diffuseur français et les organismes de presse sont bel et bien partenaires. « Nous partageons les revenus de la publicité avec les journaux, affirme-t-il, une démarche que tous les diffuseurs n’ont pas, Google par exemple ». Plus encore, Orange développe de nouveaux produits et encourage l’information payante. « Nous avons développé une offre à cinq euros par mois, qui permet d’acheter cinq journaux numériques au choix » explique-t-il. « Nous arrivons à vendre des horoscopes, il n’y a pas de raisons qu’on ne puisse pas vendre des contenus de qualité ! » lance-t-il. David Lacombled présente donc la collaborations entre diffuseurs et producteurs comme un enjeu pour le journalisme et les médias, dans un contexte de crise de la presse.
Lors de cette troisième conférence sur les innovations collaboratives, les trois intervenants ont esquissé des évolutions qui répondent à plusieurs enjeux du journalisme. D’une part, le défi de pérenniser les organismes de presse via une réduction des coûts et une meilleure diffusion. D’autre part, celui de faire évoluer l’information en phase avec la société et ses nouveaux usages.