Arnaud Mercier : “Les nouveaux journalistes, c’est eux”


Le réalisateur Denis Robert a choisi la licence professionnelle “Journalisme et médias numériques” de Metz, aujourd’hui devenue master, pour tourner son documentaire diffusé sur France 4 et internet. Une expérience compliquée mais riche,  pour le journaliste mais aussi Arnaud Mercier, papa de la formation qui nous raconte ses souvenirs de tournage. 

Denis Robert, réalisateur (premier plan) et Arnaud Mercier (Master Journalisme et médias numériques).

Denis Robert, réalisateur (premier plan) et Arnaud Mercier (Master Journalisme et médias numériques)

Comment ont, en général, été accueillies les caméras ?

Pour les enseignants, c’est une expérience très bizarre. Il faut prendre le réflexe de mettre un micro avant d’entrer faire son cours, se dire que la caméra filme… On n’oublie jamais vraiment qu’on est en train d’être filmé. Surtout qu’on le sait très bien, ce qui sera filmé donnera l’image de la formation. Certains se sont pris au jeu quand d’autres ont trouvé ça un peu lourd. Un des professeurs, qui est aussi journaliste, a même voulu revenir sur son droit à l’image. Après quelques échanges, tout s’est arrangé. Je crois que tout le monde a compris que ça tenait vraiment à cœur à Denis, et que c’était important pour le futur de notre formation. Nous n’avons jamais gêné son travail, il a toujours été libre dans son travail de journaliste. Je pense que ça a été une force.

Le documentaire a t-il été une véritable publicité pour la formation

La question est un peu compliquée… Sur France 4, le documentaire a bien marché : il y’a eu plus de 100 000 vues sur les quatre vidéos de 52 minutes ! La fréquentation du site a été exceptionnelle quand il est sorti et le temps moyen de visionnage a été beaucoup plus long que pour d’autres vidéos. Pour le diffuser lors des assises, il a été remonté pour qu’il ne dure plus qu’une heure. Les épisodes diffusés sur internet ont été accompagnés de vraies ressources : interview complémentaires, jeux, tests… A l’image du webdoc, que j’appelle chef d’oeuvre, que doivent produire les élèves à la fin de l’année. Les retombées presse ont été excellentes. Je crois vraiment que Denis et sa fille, Nina, étaient fiers de leur travail. Au niveau de la formation, c’est autre chose…

Cela ne l’a pas desservie quand même ?

Disons que Denis, qui était parrain de la promotion d’avant, a choisi de filmer les élèves en 2011 et 2012. Malheureusement je crois que c’était le pire moment à choisir pour tourner… Il y a eu un vent de contestation en interne, une sorte de rébellion de certains élèves, qui aurait pu faire mourir la formation. Je n’ai cessé de me remettre en question pour que tout se passe au mieux, nous avons parlé et le conflit s’est apaisé. Je me suis un temps demandé si ça ne dégoûterait pas les futurs élèves de postuler. La preuve que non… Vous êtes toujours là ! (rires) L’idée, c’était vraiment de parler de la formation de Metz, que ce soit en bien ou en mal. Savoir que la formation existe. Là, le documentaire montre ce qui s’est réellement passé. Le point rigolo, c’est que la projection à la télévision a eu un an de retard. Le documentaire a donc été visible… le jour des oraux de master. Finalement, c’était faire de la pub pour une formation qui n’existe plus en tant que telle (licence), mais qui renaît ! 

Et si c’était à refaire ?

Je n’effacerais pas les bandes, “Les nouveaux Journalistes”, c’est aussi nous. Mais le refaire de suite, ça n’aurait pas de sens… Pourquoi pas dans dix ans ! Qui sait, nous serons peut-être devenus une formation reconnue par la profession.

Lison Lagroy

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