Les supports mobiles (tablettes et smartphones) sont au cœur de la stratégie du groupe NextMediaInternactive (BFM, BFM Buisness, RMC, RMC Sport, 01 Net) dont Antoine Clément est le directeur général adjoint depuis 2012. Lors des Assises internationales du journalisme, il a présenté la logique de développement des médias de son groupe sur les nouveaux supports.

Antoine Clément lors de la table ronde “Repenser l’information pour les supports mobiles”. Crédit Photo : Nadège El Ghomari
Antoine Clément est intervenu lors de la table ronde dédiée à l’utilisation par les journalistes et les rédactions des nouveaux supports mobiles. A sa descente de l’estrade, il a accepté de revenir sur la nouvelle stratégie numérique de Next Interactive Media ainsi que sur le succès des différents médias du groupe.
Antoine Clément, vous avez dit durant la table ronde : « Depuis mon arrivée à Next Interactive Media, nous avons développé beaucoup de choses ». Peut-on savoir lesquelles?
L’idée était de développer les leviers qui permettent de diffuser les productions d’une rédaction web mais aussi de nos antennes télé et radio. Le premier axe était le web qui est sur un développement stable à la baisse. Le deuxième était le mobile et les tablettes qui sont en forte accélération et sur lesquelles nous doublons nos audiences chaque année. Le troisième levier est les réseaux sociaux qui sont très importants pour la présence de la marque mais aussi pour la mise en avant de nos contenus.
A votre arrivée, les leviers étaient-ils aussi développés ?
Il y avait plusieurs sites qui fonctionnaient de manière correcte et qui avaient pour certains des rédactions dédiées. L’idée était de faire de l’ensemble de ces médias un grand portail sous la marque BFM TV qui associe BFM Buisness, RMC, RMC Sport et de plus en plus 01 Net.
Le développement de ce portail a-t-il été générateur d’emplois mais en même temps destructeur pour les rédactions télé et radio ?
Je pense que quand on est dans un groupe audiovisuel, l’équation ne se pose pas de la même façon que quand on est dans un groupe de presse. On diffuse tous les jours entre 100 et 150 vidéos qui sont produites par nos télé et radio, donc nous sommes créateurs d’emplois de ce coté là. On l’est aussi sur la partie rédaction web. L’objectif est d’avoir des journalistes qui écrivent pour qu’il y ait, sur les mobiles et tablettes, de la vidéo, du son, mais aussi du texte.
Y-a-t-il une différence entre créer une application pour un média audiovisuel ou radio et un média presse ?
Tout dépend des objectifs fixés. Si vous voulez une application parce que 10% de vos auditeurs vous écoutes sur un mobile, alors vous allez créer un support qui permet de mettre en avant le live et les podcasts. Si vous avez l’ambition de concurrencer les applications leaders comme Le Monde et Le Figaro, alors vous devez vous battre avec les mêmes moyens en ayant en plus la vidéo. Nous, nous avons cette force de proposer les deux et donc une offre de plus en plus équilibrer entre le texte et la vidéo.
BFM TV et RMC sont des médias axés sur l’instantané. Est-ce que le développement de ces nouveaux supports numériques obligent les rédactions à être encore plus réactives ?
La « Priorité au direct », qui est valable pour la chaîne, l’est aussi pour l’application. La première offre est d’être sur l’information à la minute où elle sort et d’avoir de la qualité au niveau de la rédaction et des contenus.
Avez-vous un contenu spécifique pour chaque support ?
On a la chance d’avoir des marques avec des personnalités assez différentes et complémentaires. RMC prend en charge la conversation avec l’opinion qui est dans l’ADN de la radio et qui est essentielle au web. RMC Sport couvre toute la partie « sport » avec beaucoup de talents et de façon très incarnée. BFM Buisness est sur l’économie avec une équipe très mobilisée qu’elle soit télé, radio et web. Et puis 01 Net sur la partie high-tech, où la aussi on est en train de franchir une étape importante dans l’exploitation des informations. Celles-ci sont captées par la plus grosse rédaction high-tech de France qui comporte 25 journalistes.
Vous êtes leader en terme d’alertes push. Avez-vous une limite par jour ?
Il faudrait qu’il y ait de l’information extrêmement importante avec des rendez-vous réguliers pour que le nombre arrive au moins à quinze. La limite est située aux alentours de huit pour des sujets généralistes et pour le sport on peut pousser un peu car un « but à but » peut être intéressant pour une certaine cible. Notre objectif est de voir à quelle rythme les gens veulent de l’information.
Pensez-vous que les supports mobiles vont finir par remplacer la télévision, la radio et la presse ?
Pas du tout. Je crois que ces supports portent la “délinéarisation”. En tant que consommateur, vous allez parfois préférer regarder un film devant la télé et une autre fois le regarder sur une tablette ou un mobile en fonction d’où vous vous trouvez. On est plus dans l’accompagnement que dans l’opposition de ces supports.
Un média a plus de chance de mourir s’il ne dispose pas de supports numériques ?
Aujourd’hui, il y a toute une cible de gens qui ne sont pas équipés de télévision. On se doit d’être présent sur ces supports pour accompagner un comportement qui est moins mono-support. On a le devoir d’aller dans ce sens là.