Robin Minchom est spécialiste du journalisme digital à ScribbleLive. L’entreprise, partenaire d’Obsweb pour la couverture des Assises, développe des outils spécifiques au traitement de l’information en direct. Lors des Assises du journalisme 2014 à Metz, il est revenu pour Obsweb Mag sur les spécificités du live blogging.
Le public se montre très friand des couvertures live. Qu’est-ce qui explique le succès de ce format ?
L’instantanéité est devenue reine en journalisme, et va certainement le rester longtemps. Depuis quelques années, les gens consomment beaucoup de contenus en temps réel. Ça a commencé avec les réseaux sociaux, notamment Twitter et Facebook. Les internautes exprimaient l’envie d’être informés rapidement et de prendre part à la communication. Je pense que les journaux ont été un peu lents à répondre à ce désir. Le live donne la possibilité de publier des informations en direct d’un événement, en mêlant l’expertise des journalistes à la vitesse d’Internet.
N’y a-t-il pas un risque de voir l’information dériver vers l’infotainment avec ce type de traitement ?
Effectivement, c’est le problème des journalistes. En plus d’être confrontés à la multiplication des sources d’information, ils sont engagés dans une course pour être le premier à dévoiler l’info. Le plus important, c’est d’instaurer un climat de confiance avec leurs lecteurs, qui s’attendent à recevoir une information correcte et de qualité. Malheureusement, certains professionnels publient n’importe quoi ; par exemple des tweets dont ils n’ont pas vérifié l’exactitude. C’est ce qui différencie les bons live-bloggueurs des autres.
Vous apprenez aux journalistes des newsrooms à utiliser les outils ScribbleLive. Comment accueillent-ils ces nouveaux moyens de traiter l’information ?
Ils sont en général très ouverts, y compris ceux qui se décrivent comme des journalistes plutôt traditionnels. Ce qui leur plaît le plus, c’est d’établir un dialogue entre eux et les internautes. Ceux-ci envoient leurs questions et peuvent même devenir des sources s’ils se trouvent au cœur de l’événement. C’est une exclusivité dont la presse écrite ne profite pas. Les journalistes web disposent également d’une facilité pour inclure toutes sortes de contenus. Cela permet d’insérer des images, vidéos, infographies, et ainsi d’enrichir les articles.
Vous l’avez expliqué, les internautes s’investissent dans le live. Pensez-vous que le journalisme de demain sera essentiellement participatif ?
Maintenant que la plupart des rédactions web ont opté pour cette formule interactive, je suppose qu’elle persistera dans le temps. Il est cependant primordial de distinguer les informations qui viennent des journalistes et celles que les internautes apportent. Les webmasters doivent clairement indiquer aux lecteurs que certains contenus ne sont pas forcément confirmés par la rédaction. La participation de personnes extérieures aux médias est enrichissante pour compléter certains sujets, mais il faut la séparer des éléments officiels recherchés par les journalistes.
Comment imaginez-vous l’évolution de ScribbleLive ?
Nous avons racheté CoveritLive, dont certaines fonctions seront bientôt intégrées à notre plate-forme. Nous allons mettre l’accent sur les chiffres et les analyses afin d’éclairer les journalistes sur la façon dont les lecteurs consomment leurs productions. ScribbleLive ne traite plus spécifiquement que du live à présent, mais englobe aussi les contenus statiques. Nous essayons d’élargir notre approche en intégrant aux articles, par exemple, des éléments visuels tels que des vidéos retransmises en direct, pour toujours plus de dynamisme.
Retrouvez ici l’interview vidéo de Jonathan Parienté, co-rédacteur en chef du site lemonde.fr.