Brief.me : « Utiliser l’e-mail comme un média à part entière »


Au secours, on se noie sous les infos ! Brief.me répond à cet appel du lecteur désespéré, perdu entre les alertes, les flux Facebook et Twitter, les infos en vrac… Laurent Mauriac, le fondateur de ce nouveau média encore en phase de test, parie sur l’information sous forme de mail quotidien, clair, pédagogique et agréable.

Laurent Mauriac, créateur du nouveau média Brief.me, et co-fondateur de Rue89

Laurent Mauriac, créateur du nouveau média Brief.me, et co-fondateur de Rue89

Comment est né le projet Brief.me ?

Il y a environ un an, un article du Guardian titrait : « Arrêtez de vous informer, ça ne sert pas à grand chose et vous serez plus heureux ». C’est vrai : consommer l’information de manière répétée, comme tous les outils nous incitent aujourd’hui à le faire, a plutôt tendance à nous ramollir le cerveau et ce n’est pas tellement utile. Tout ça nous a fait réfléchir et nous avons souhaité développer une nouvelle approche du journalisme. Plutôt que de rajouter des informations aux informations, nous avons voulu proposer un tri, une info mise en forme, qui aide les gens à y voir plus clair.

Vous proposez une information quotidienne, via le mail. Quelle est la nouveauté par rapport à une newsletter classique ?

La plupart des newsletters sont totalement automatisées et sont une manière pour les sites de communiquer leur sommaire. Nous, nous voulons utiliser l’e-mail comme un média à part entière. Il a l’avantage de pouvoir être lu en cinq minutes, sur ordinateur, tablette ou mobile. Il y a déjà TimeToSignOff qui utilise ce support, mais nous sommes plus complets dans l’approche, moins ciblés (ils ont un ton un peu grivois!) et notre modèle est sans publicité.

Que va-t-on recevoir dans notre boîte mail ?

Chaque jour, il y aura un sujet d’actualité et un sujet ancré dans la vie quotidienne expliqué de manière pédagogique, mais aussi des découvertes. Pour le moment, nous n’avons que du texte mais il y aura aussi du visuel. Le tout dans un design reposant, zen, agréable pour la lecture. L’idée est d’être tous les soirs le rendez-vous de ceux qui, dans la journée, se coupent de l’actualité parce qu’ils n’ont pas le temps ou l’envie de la suivre.

Trier et mâcher l’information de cette manière, n’est-ce-pas infantiliser le lecteur ?

Ça lui rend service ! Il y a une mission du journalisme qui est de produire de l’information – mais aujourd’hui il y a plutôt une surabondance d’info – et il y a une seconde mission qui est de trier cette info, de la hiérarchiser, de la mettre en forme, de la mettre en perspective. Et c’est là que pour nous il y a plutôt un manque actuellement. Sur le web, les articles sont tous mis sur le même plan, sur les réseaux sociaux ou les sites, et les gens perdent énormément de temps à trier là où les journalistes ont une expertise pour savoir ce qui est important.

Au niveau économique, comment ça fonctionne ?

Les prix ne sont pas encore fixés, mais ce devrait être un abonnement de 1 à 2 euros par semaine, ou environ 6 euros par mois. Nous ne sommes pour l’instant que 6 à collaborer pour Brief.me, principalement des pigistes, mais je pense que l’équipe va vite s’étoffer. On aimerait avoir des correspondants à l’étranger par exemple.

L’autre particularité de Brief.me, c’est son lancement via une plateforme de crowdfunding et la participation critique de lecteurs pendant la phase de test, d’ici le lancement officiel en décembre. Quels sont les retours pour le moment ?

On avait un objectif de 500 participants en un mois et demi sur la plateforme, on a finalement atteint cet objectif en une semaine. Et ceux-là ont donc déjà reçu brief.me avant tout le monde, pour qu’ils nous aident à élaborer le projet par leurs retours. Le premier mail « test » est tout récent, il date d’avant-hier (ndlr : 14 octobre) mais j’ai déjà reçu une soixantaine d’avis de lecteurs par mail ! C’est une très bonne surprise pour nous.


A propos de Obsweb

Le programme de recherche OBSWEB - Observatoire du webjournalisme (CREM - Université de Metz) étudie les transformations en cours au sein de la presse d’information avec l’avènement d’Internet et de l'écriture multimédia.