En Chine, les expatriés contournent la censure d’Internet


Au début de l’année, la Chine célébrait sa censure d’Internet dans un hymne intitulé Cyberspace spirit. Un système de surveillance qui ravit le gouvernement chinois, mais beaucoup moins les expatriés occidentaux installés dans le pays. Qui tentent donc de recourir à de nombreux moyens pour contourner cette censure.

 « Celui qui veut du miel doit avoir le courage d’affronter les abeilles ». Les expatriés en Chine, dont le nombre a augmenté ces dernières années, connaissent bien ce proverbe africain. Attirés par les opportunités de travail et la qualité de vie dans un pays en plein expansion, les résidents étrangers doivent faire face à certains défis. Le plus important d’entre eux reste le système de censure nommé “Bouclier doré”. Instauré en 1998 par les autorités chinoises afin de contrôler l’accès à plusieurs sites Internet, il s’est accentué ces dernières années allant jusqu’à bloquer l’accès à des géants d’Internet occidentaux comme Google ou Facebook.

Anthony, expatrié anglais à Pékin depuis cinq mois estime que « la censure en Chine est plutôt efficace pour le gouvernement puisque les Chinois se contentent d’utiliser les sites locaux ». Ces sites, clones de YouTube et Facebook, connaissent un franc succès parmi les Chinois. Les expatriés, eux, peuvent soit utiliser ces sites parfois disponibles seulement en mandarin ou contourner la censure.

 Contourner la censure ou se résoudre à utiliser les sites autorisés ?

Afin de surfer en liberté sur Internet, plusieurs résidents étrangers ont recours aux VPN (Virtual Private Network). Ces réseaux virtuels privés permettent d’accéder aux sites Internet initialement bloqués par les autorités chinoises.  « J’utilise un VPN pour me connecter sur Facebook, YouTube et Twitter. C’est la meilleure façon de communiquer avec mes amis et ma famille»  déclare Anthony. Il est loin d’être le seul expatrié à ne pas pouvoir se passer de ces outils de communication.

Quentin, directeur d’agence français résident à Shanghai depuis 8 ans a dû installer un serveur proxy, outil permettant de se connecter anonymement, pour accéder à Gmail.  «Il arrive que le proxy ne fonctionne plus mais ce n’est pas très fréquent » affirme le jeune homme.

Malgré l’utilisation de certains VPN, des sites Internet peuvent être ralentis et rendre difficile la connexion, surtout quand on en a besoin pour son travail.  « Après le blocage de Google en décembre, j’ai dû recourir à son équivalent chinois ‘Baidu’ pour mon boulot parce que ça m’est indispensable ». Il ajoute que «la navigation sur Skype est devenue une horreur à cause de sa lenteur. J’ai donc fini par opter pour un outil local assez efficace nommé ‘Kiu Kiu’ ». D’autres outils ont réussi à gagner du terrain auprès des expatriés. L’application chinoise anglophone Wechat, rivale de WhatsApp en Asie en est l’exemple. En témoigne son usage aussi bien de la part d’Anthony que de Quentin.

 «Ça sera difficile pour les autorités chinoises de bloquer les VPN »

Même si certains sites chinois ont réussi à attirer les occidentaux, il reste que l’utilisation des VPN est indispensable pour surfer sur des sites censurés. Le blocage de VPN par les autorités chinoises, il y a trois semaines,  a montré leur volonté de garder une mainmise sur le web dans le pays. Un discours auquel ne croit pas vraiment Quentin. « Je pense que techniquement ça sera difficile pour les autorités de bloquer les VPN. Je ne crois pas que ça soit faisable, même si c’est ce qu’ils voudraient ». Et de surenchérir : « Ce n’est pas la première fois qu’une telle mesure est adoptée, c’était le cas aussi lors des jeux Olympiques de Pékin de 2008 ». En 2012, China Unicom, un des plus gros fournisseurs d’accès chinois, avait fermé toutes les connexions pendant un certain temps.

Cette année encore, la Chine vise les fournisseurs étrangers de VPN. Astrill, le plus populaire d’entre eux chez les expatriés a été bloqué sur tous les appareils iOS (iPhone et iPad). « Cela m’a vraiment agacé parce que lorsque je suis dehors, je ne peux pas m’orienter en utilisant Google Maps ou son service de traduction pour rechercher des mots en chinois ». Une tâche compliquée quand on sait que ‘Baidu’, la version chinoise de Google, est disponible en mandarin principalement.

Quentin, lui, relativise. Il pense que ce blocage sera éphémère une nouvelle fois car un autre système de contournement verra le jour. “Aussitôt qu’Astrill a été bloqué, le fournisseur de VPN a annoncé à ses clients qu’il y avait une nouvelle version disponible.”