Génération Z, les enfants du numérique


De la radiocassette aux mini baladeurs MP3, du Nokia 3310 aux smartphones, des billes aux jeux-vidéo… c’est toute une succession de générations que l’on a pu observer. On les appelle généralement Génération X, Y et Z. Souvent qualifiée de « génération 2.0 », la Gen Z est-elle abrutie par le numérique comme les plus âgés ont tendance à s’imaginer ? Retour sur cette génération née avec la culture web et la profusion de nouveaux écrans.

Plus qu’une génération, les « digital natives » semblent même avoir apporté un nouveau courant de pensée. Ils ne s’opposent pas diamétralement à leurs aînés… mais presque. Dans la manière de vivre, de penser, de travailler, de se divertir, les réflexes ne sont plus les mêmes depuis la banalisation du numérique. Et si certains ont dû s’adapter, d’autres sont tout simplement nés avec ces nouvelles logiques.

Génération X, Y, Z… kézako ?

Depuis plusieurs années, certains chercheurs en communication et sociologues se sont intéressés au choc des générations avec la banalisation du numérique et du mobile. Trois époques ressortent principalement de leur réflexion : de 1960 à 1980 la Gen X, de 1980 à 1995 la Gen Y et de 1995 à aujourd’hui la Gen Z. Des appellations qui se sont banalisées et qui permettent de mettre en évidence les enjeux de la nouvelle génération qui a émergé dans les années 2000.

Le numérique est arrivé comme une traînée de poudre. Et si les enfants de la génération X, cadets des baby-boomers, pensaient que ce phénomène se tasserait, ils ont vite déchanté. Plutôt connus comme des digital immigrants, ils ont été suppléés par la génération Y, ou digital natives. On pouvait déjà observer les prémices de ceux qui leur succéderaient quelques années plus tard. Ils ont grandi au fil des innovations technologiques et ont appris à s’en servir sans pour autant n’avoir connu que ça. Au contraire, la génération Z a grandi avec les écrans qu’ils soient fixes ou mobiles (télévision, ordinateur, mobile, tablette,…).

La vie en digital

Fini les parties d’osselets dans les cours de récré. Fini aussi la presse papier. Au revoir les bouquins poussiéreux. Le smartphone a remplacé le teddy bear. La net generation est hyperconnectée, c’est prouvé.

D’une génération à l’autre, on passe tout naturellement du journal papier aux web media, des livres aux e-books, du CD à la clé USB et la liste est longue. Le numérique a bouleversé bien des choses sans parler des nouveaux supports qu’il a apporté. Et s’il est vrai que le papier perd de sa popularité, il est pourtant faux de dire que les « jeunes ne lisent plus ». Bien au contraire, ils lisent continuellement et se tiennent constamment informés.

Attachés aux réseaux sociaux, la Gen Z est toujours ouverte aux nouvelles modes numériques et au buzz. Les idoles ne se comptent plus forcément parmi les comédiens ou les artistes mais parmi des youtubers comme PewDiePie, Normanle Joueur du Grenier, etc. Une nouvelle culture s’est mise en place, celle du numérique et de ses acteurs : le phénomène du troll, du meme et, souvent, du ridicule (Gangnam style, Harlem Shake).

La génération Z a mis en évidence le croisement de deux concepts : le RL (real life) et l’IRL (in real lif). Les amis qu’ils rencontrent en dehors des écrans et ceux qu’ils cumulent sur les réseaux sociaux ont la même importance. Faire monter le chiffre des « amis » ou « followers » sur le net est un but en soi. Certains chercheurs et médias se sont d’ailleurs interrogés sur l’émergence avérée d’un narcissisme lié aux plateformes sociales et ce qu’elles induisent (popularité, selfie, journal intime en ligne). Pis encore, l’amour 2.0 a également trouvé son public avec la multiplication des sites de rencontre et notamment les applications dont l’angle d’attaque est concentré sur la donnée physique (Tinder, Happn, etc.).

Génération Z, des « geeks fainéants » ?

Les préjugés font la vie dure aux enfants de la Gen Z. Pourtant, ils ne sont pas les geeks écervelés et incultes que certains tendent à croire. Au contraire, ils ont apporté de nouvelles problématiques liées à l’avenir, au travail et à l’éducation.

La preuve en est que ces jeunes sont également surnommés la Génération C pour connexion, communication, créativité, collaboration. Des termes plutôt positifs qui ont leur légitimité dans le cas des Z. Ambitieux et autodidactes, les enfants du numérique s’éduquent eux-mêmes à force de tutoriaux et de partage des connaissances. À leurs yeux, les études perdent de leur importance et de leur utilité pour la recherche d’un travail.

  • Un self-made-man numérique

BNP Paribas et The Boson Project ont réalisé une étude, La Grande InvaZion, sur un échantillon de 3 200 jeunes français âgés de 15 à 20 ans. Loin d’être ethnocentrés, ils sont 70% à vouloir travailler à l’international. Quant à la réussite, elle passe avant tout par le réseau : 40% pensent que le réseau est plus efficace que les études, 26% donnent de l’importance au CV, 24% au diplôme et 10% au bon visa.

Toujours dans cette étude, les Z sont les victimes d’une grande désillusion face au monde de l’entreprise que certains qualifient de « dur », « compliqué », « difficile » voire « impitoyable » et « hostile ». Plusieurs sentiments se détachent lorsque l’on évoque l’entreprise, notamment le stress.

Génération Z

Source : BNP Paribas et The Boson Project (La Grande InvaZion)

Débrouillards, ils restent néanmoins optimistes quant à leur avenir professionnel : 47% veulent créer leur propre entreprise et 84,5% veulent choisir leur métier par passion.

  • Aptitudes cérébrales, un mal pour un bien

Les enfants de la génération Z ont grandi avec les jeux-vidéo et les technologies mobiles. Des outils qui leur ont permis de développer des aptitudes cérébrales mais aux dépends d’autres capacités. C’est ce que nous apprend Olivier Houdé, directeur du Laboratoire de la psychologie du développement et de l’éducation de l’enfant (CNRS-La Sorbonne).

« Le cerveau reste le même, mais ce sont les circuits utilisés qui changent. Face aux écrans, et du coup dans la vie, les natifs du numérique ont une sorte de TGV cérébral, qui va de l’œil jusqu’au pouce sur l’écran. Ils utilisent surtout une zone du cerveau, le cortex préfrontal, pour améliorer cette rapidité de décision, en lien avec les émotions. Mais cela se fait au détriment d’une autre fonction de cette zone, plus lente, de prise de recul, de synthèse personnelle et de résistance cognitive. »