Qu’ils remplissent les journées ou comblent les temps morts, qu’ils soient critiqués ou idolâtrés, les réseaux sociaux font partie du quotidien. Le plus célèbre d’entre eux : Facebook. A son actif, plus d’un milliard utilisateurs. Attendre une notification, un message, stalker les profils d’amis ou tout simplement scroller le fil d’actualité. Ces gestes sont devenus automatiques et parfois inconscients. Ils n’en sont pas pour autant sans conséquences. Les chercheurs se penchent activement sur la question des effets de l’utilisation de Facebook sur les états psychologiques de l’internaute. Plusieurs résultats d’expériences scientifiques démontrent que d’avoir les yeux rivés sur Facebook peut s’avérer nocif.
Edge rank : le puissant algorithme de Facebook
Le géant des réseaux sociaux a lui même, en 2013, réalisé une expérience auprès de ses utilisateurs. Le Proceeding of the National Academy of Sciences a révélé dans un article que Facebook a intentionnellement modifié le fil d’actualité de 700 000 d’internautes. “Nous avons démontré, par le biais d’une expérience menée sur Facebook, que les humeurs des utilisateurs pouvaient être modifiées par le type de contenu présent sur leur fil d’actualité”, déclare sur son blog Max Eulenstein (producteur manager à Facebook). Le but : étudier l’effet des contenus du fil d’actualité sur les humeurs des utilisateurs. Ces recherches ont été menées en partenariat avec l’Université de San-Francisco. Les chercheurs tenaient à savoir si la diminution de messages à teneur positive (ou négative) avait une conséquence sur l’état psychologique du sujet. Sur le mur d’actualité de Facebook, on ne voit pas les nouvelles publications de l’ensemble de nos contacts : il y a une pré-sélection. C’est Edge rank, algorithme secret de Facebook qui se charge de la visibilité des publications. Cette formule magique calcule ce qui est susceptible de nous intéresser. Grâce à l’analyse de nombreux paramètres l’algorithme trie et classe les informations du fil d’actualité qui apparaissent sur le mur de chaque utilisateur. Des milliers de paramètres sont ainsi pris en compte. Parmi eux : l’affinité, les interactions, le type de contenu et le temps. Et c’est sans surprise que les messages avec le plus de commentaires ou de likes sont mis en avant. Plus un contenu produit une réaction émotionnelle, plus il a de chances de provoquer une réaction (positive ou négative) chez ceux qui le voient. « Le rôle du fil d’actualité est d’afficher des contenus qui vont intéresser l’utilisateur. Cet affichage est différent selon chaque profil. Comme de plus en plus de pages sont partagées, il y a de plus en plus de contenu, nous devons continuer d’améliorer l’organisation du fil d’actualité afin d’y créer une logique ».
L’influence néfaste de Facebook sur le bien-être
L’étude User Experience Researcher de Facebook, a démontré que les états d’humeurs de l’internaute peuvent être modifiés par la simple consultation du news feed (fil d’actualité). La dépression, le bien-être, ou la colère, sont des états psychologiques qui peuvent être altérées par une trop grande consommation du réseau social. Une autre étude réalisée par des chercheurs de l’université d’Innsbruck Autriche (Christina Sagioglou et Tobias Greitemeyer), démontre à son tour, que plus une personne est active sur Facebook, plus son humeur est négativement affectée. L’étude pointe également le fait que cette modification du comportement est accentuée car l’utilisateur, trop présent sur le réseau social, à l’impression de ne faire rien d’utile, de perdre son temps. A la suite de tels résultats, les chercheurs se demandent alors pourquoi Facebook connaît-il toujours autant de succès ?Ces recherches ont amené à conclure que Facebook crée un effet de dépendance auprès de ses utilisateurs. Une dépendance qui entraînera par la suite un sentiment de mal-être. Comme une spirale infernale, une utilisation sans pondération de Facebook, plongerait le consommateur dans un cercle vicieux. L’utilisateur pense qu’aller sur Facebook lui sera bénéfique et source de bien-être, mais c’est en réalité le contraire. Déception, frustration, dépendance, perte de temps… Surfer sur le plus célèbre des network ne s’avère pas être source de sérénité.
La revue Plos One, publie en 2013 une étude menée par des chercheurs de l’Université du Michigan qui conclut que les utilisateurs actifs de Facebook seraient “moins heureux”. “L’étude a été menée chez 82 étudiants américains âgés en moyenne de 19 ans et demi. Durant 14 jours, les volontaires ont reçu 5 fois par jour des textos contenant un lien vers un questionnaire à remplir en ligne. Leurs réponses permettaient d’évaluer l’état affectif des sujets (bien-être général, sentiment de solitude, d’inquiétude…), leur utilisation de Facebook ainsi que leurs interactions avec d’autres personnes par téléphone ou face à face ». Les résultats parlent d’eux mêmes : le sentiment de bien-être se dégrade chez les personnes qui utilisent avec excès Facebook. En plus de la diminution de la bonne humeur, l’expérience affirme que plus le sujet va sur Facebook, plus son estime de lui même baisse. ” Un phénomène surtout présent chez les adolescents “, précise Philippe Verduyn, un des membres de l’équipe de chercheurs. Des spécialistes de la santé et des psychologues se sont penchés encore plus loin sur la problématique : parlant même de “dépression de Facebook”.