Surveillance de masse, fin de la vie privée, diminution des libertés. Depuis les révélations d’Edward Snowden, le Big Data est au cœur des préoccupations et suscite la polémique. Mais certaines personnes sont d’un tout autre avis et considèrent l’exploitation des données personnelles comme un nouvel eldorado. Aux Etats-Unis, les universités créent même de nouveaux cursus dans ce domaine.
Les Big Data sont partout. Appels téléphoniques, mails, messages sur les réseaux sociaux, mouvement bancaires… Toutes nos données personnelles sont collectées. Elles le sont par les géants de l’internet (Les GAFA, qui constituent 80% des données collectées), mais également par certaines entreprises. Ces masses de données sont appelées Big Data. Leur possession et leur exploitation est un des plus gros enjeux de la décennie.
« Le pétrole de demain »
Depuis le début des années 2000, l’univers des données personnelles a pris un nouveau virage. Leur quantité augmente de façon exponentielle : en deux jours, nous en générons plus que l’humanité depuis ses débuts. Une masse tellement importante qu’il est aujourd’hui devenu impossible d’exploiter ce Big Data avec des outils classiques. Pour Valérie Bécaert, responsable de l’Institut de valorisation des données, «Ces mégadonnées ont une grande valeur socioéconomique et peuvent profiter à toute la société : on considère même qu’elles seront le ravitaillement d’une économie du savoir, le nouveau pétrole du 21e siècle».
L’exploitation des données personnelles est devenu un véritable business qui pèse plusieurs milliards de dollars. Selon le quotidien Le Monde, Google réalise, grâce à l’exploitation des données qu’il récolte, un chiffre d’affaire de plus d’un milliard d’euros, et ce rien qu’en France. Selon l’économiste Joseph Stiglitz, « Google serait même en capacité de savoir plus de choses que l’INSEE sur la France ». Et ce, uniquement grâce à l’analyse de son moteur de recherche.
« Le métier le plus sexy du XXIe siècle »
L’économie de demain, des profits colossaux, il n’en fallait pas plus pour que de nouveaux métiers se construisent autour du Big Data. Parmi lesquels, celui de Data scientist. En quoi cela consiste ? Analyser des données issues de différentes sources, pour créer des algorithmes qui vont pouvoir influer sur les performances des entreprises. Pour la Harvard Business Review, cette science des données est devenu « le métier le plus sexy du XXIe siècle ». Rien que ça.
Et les Etats-Unis ne s’y trompent pas. New York, Californie, Stanford, Northwestern, Syracuse, George Mason, Irvine, l’Indiana. Depuis quelques années, les cursus spécialisés dans ce domaine pullulent partout sur les campus américains. La célèbre université de Columbia a même inauguré en 2013 un master et un certificat axés sur les données. Des parcours qui ont immédiatement rencontré un large succès. Pour Chris Wiggins, professeur de mathématiques appliquées à Columbia, ce n’est pas une surprise. « C’est une génération de gosses qui ont grandi avec une science des données omniprésente, avec Netflix leur recommandant les films à regarder, et Amazon les livres à lire. Il s’agit d’un intérêt académique avec des applications dans le monde réel », révélait Wiggins au New York Times en avril 2014
Malgré ce développement, le nombre de spécialistes formés au traitement de données numériques reste insuffisant comparé à la demande. Selon un rapport du McKinsey Global Institute, environ un demi-million d’emploi sera créé dans ce secteur dans les cinq prochaines années. Un aspect dont les étudiants sont conscients, comme le confirme Chris Wiggins : « Nos élèves savent que ces études leur permettront de trouver un emploi. » Et si en 2045, le rêve d’un enfant n’était plus de devenir footballeur, pompier, pilote de chasse ou astronaute mais Data scientist ?