Cru médiatique 2016 : l’indépendance et l’exigence


Il y a ceux qui sont là depuis dix ans et les autres qui imaginent de nouvelles formes d’information. Les Assises du journalisme, c’est aussi l’occasion de découvrir de nouveaux médias et ceux qui les portent. Parole à ces journalistes qui croient en l’avenir de la presse d’information.

A l’occasion de la deuxième journée des Assises du journalisme, à Tours, six nouveaux médias ont été présentés pendant l’atelier : « Il se sont lancés cette année ». Au cœur de cette conférence, la création de nouveaux médias d’information mais aussi et surtout leur fonctionnement et leur manière de vivre économiquement. Dernier venu dans le monde médiatique, Explicite a été le premier présenté par l’un de ses fondateurs, Olivier Ravanello.

Fondé par plus d’une cinquantaine de journalistes après leur départ d’i-Télé, Explicite se veut un média indépendant uniquement financé par le crowdfunding. Le contenu est publié exclusivement sur Facebook, Twitter, YouTube et Instagram. Pour eux, les réseaux socio-numériques seront en effet les uniques sources d’informations de demain : « C’est sur les réseaux sociaux que la bataille aura lieu. »

Du journalisme en série(s)

Publier gratuitement des informations en ligne pour ensuite les diffuser dans le journal payant, voilà l’ancien business model de Libération. Lassés par ce modèle, 8 journalistes ont quitté le navire pour créer un nouveau média numérique d’information : Les Jours. Raphaël Garrigos, cofondateur, explique que la volonté première du site est de rester dans l’actualité sans être un « slow media » mais plutôt un « deep media ». C’est-à-dire un média qui prend du temps pour traiter un sujet en profondeur. Le site est composé de différents sujets, les « obsessions », conçues sous forme d’épisodes, comme des séries télévisées. Certaines obsessions ont d’ailleurs plusieurs saisons.

Pour pouvoir créer et mettre en place le média, les fondateurs ont fait appel à plusieurs levés de fonds, notamment à travers la plateforme de crowdfunding Kiss Kiss Bank Bank. Média indépendant, Les Jours possèdent quand même quelques investisseurs connus comme Xavier Niel, qui détient 3,2% du média mais Raphaël Garrigos explique qu’il ne se gênera pas pour parler en bien ou en mal du fondateur de Free — les journalistes restant, et de loin, les principaux actionnaires de leur média.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=IAk1C5ccn6o&w=560&h=315]

Renouveler l’information : investigation et infographie

Mediacités est un nouveau journal en ligne d’investigation sur abonnement. Indépendant, il est pour le moment basé sur Lille, mais lève actuellement des fonds sur Ulule la plateforme de crowdfunding pour créer trois nouvelles antennes. Une à Toulouse, une autre à Lyon et une dernière à Nantes. Jacques Trentesaux, cofondateur de Mediacités indique que leur objectif est de « créer le premier réseau national d’investigation locale. »

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=punRVsJc2sU&w=560&h=315]

Comprendre l’actualité plutôt que de la suivre, c’est l’une des raisons qui ont poussé trois ingénieurs à fonder cFactuel, un média d’actualité, composé d’infographies. En partie gratuit, les abonnements au média servent à avoir accès à des contenus supplémentaires et permet de retirer la publicité.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=s2y4k3E-i8Q&w=560&h=315]

Vulgariser la science, parler aux enfants

Créé en Australie en 2011, The Conversation est un média en ligne indépendant d’information et d’analyse de l’actualité. Le site publie des articles grand public écrits par des chercheurs afin de diffuser leur savoir et de les faire sortir de la sphère universitaire (lire le dossier que nous leur avions consacré). Didier Pourquery explique que les articles du site sont en creative commons et donc libres de droit. Ce qui leur permet par la suite d’être repris par bien d’autres médias. Pour pouvoir publier les articles provenant de The Conversation sur son média, il suffit de citer l’auteur et la provenance de l’article.

L’information ce n’est pas que pour les adultes. Les enfants aussi ont besoin de comprendre le monde qui les entoure. Ouest France a donc pensé à eux en mettant en place l’application Dimoitou News. Basée sur l’application américaine « News-O-matic », cette application d’actualité se destine aux enfants entre sept et douze ans. Elle diffuse quotidiennement deux sujets internationaux et trois français pour en moyenne 2000 abonnés. Philippe Simon, rédacteur en chef de Dimoitou News, explique qu’ « on peut tout dire aux enfants » mais parle également d’une condition, ne pas donner de leçons. Dimoitou News est une application payante car elle se base sur un modèle américain déjà payant mais permet de ne pas avoir de publicités. Comme le dit Philippe Simon « l’information a un coût et donc il faut la payer ».