Grand reporter, un métier qui ne s’improvise pas


Ils couvrent les zones les plus dangereuses du monde, voient les pires aspects de l’humain, mais également les meilleurs. Les grands reporters « expliquent le monde au monde ». Matthieu Mabin, grand reporter à France 24, livre ses conseils : « On ne parle pas de bricolage » pour se protéger sur le terrain.

Matthieu Mabin, grand reporter à France 24, a animé un atelier aux Assises du journalisme sur le thème de la protection des reporters sur le terrain

Matthieu Mabin, grand reporter à France 24, a animé un atelier aux Assises du journalisme sur le thème de la protection des reporters sur le terrain

« L’expérience tue au moins aussi souvent qu’elle protège »

« Dans notre métier, il y a autant de jeunes journalistes qui sont tués que d’anciens », explique Matthieu Mabin. Reporter en zone de conflit est un métier dangereux qui amène à se rendre dans des régions parfois inhospitalières. Pourtant, au fil des années, nombreux sont les reporters qui cumulent les séjours dans les mêmes terrains à risque du globe. « L’expérience n’éclaire que le chemin parcouru. Chaque fois que l’on se rend dans un pays en guerre, même si on le connaît, il faut y aller avec un regard neuf, comme si c’était la première fois. » Le trop-plein d’assurance peut amener à faire des erreurs ayant d’importantes répercussions.

« Faire trois pas en arrière »

Pour éviter les accidents, un groupe de grands reporters a décidé de réagir en créant la Méthode d’aide à la décision éditoriale appliquée aux zones dangereuses (METIER). « Les accidents viennent souvent d’une mauvaise décision ou d’une absence de décision ». Cette technique aide à mesurer le rapport entre la sécurité physique et la valeur de l’information. Pour éviter les situations trop risquées, le grand reporter conseille de préparer avec application son séjour. « Le travail, c’est la sécurité. Il faut laisser le moins de place possible à la chance. » Il ajoute également qu’une vision claire occupe une grande place dans le bon déroulement d’un séjour. « Il est hors de question de perdre les pédales. » La prise de recul est essentielle.

« On arrache les betteraves »

Même si son terrain de jeu est le monde entier, Matthieu Mabin garde toujours en tête l’essence même de son métier de journaliste : l’information. « On va l’arracher au terrain, nous sommes des paysans de l’information. »

Grand reporter, l’homme gère le triptyque « décision », « éditorial », et « danger ». Il doit prendre en compte les obstacles qui s’interposent entre lui et l’information, et « apprendre à les contourner » pour atteindre les faits d’actualité.

Sarah Humbert et Clément Di Roma