Faut-il envisager de créer une formation spécifique dans les écoles de journalisme pour couvrir les actualités dans les banlieues? Dans le cadre des Assises du journalisme 2018, dont le thème est “Un journalisme utile?”, la question a été évoquée. Elle fait bondir notre éditorialiste.
Mercredi 15 mars. Je suis allée assister à un atelier nommé « Maltraitance médiatique des quartiers populaires : clichés et réalités ». Pour aborder ce sujet, j’avais face à moi une tablée bien éduquée de journalistes et de professionnel.le.s de ce terrain. Imaginez ma surprise lorsque venant de l’un.e d’entre eux, j’ai entendu qu’il fallait proposer des « formations dans les écoles de journalisme pour aller dans les banlieues ».
Oui, des formations dans les écoles pour aller dans les banlieues. Parce que vous savez, ces zones-là, ces banlieues, ces périphéries de ville, ces zones de non-droit, de pauvreté, de détresse comme on dit, les journalistes ne devraient pas s’y rendre sans être préparés.
Oui, des formations dans les écoles pour aller dans les banlieues. Parce que vous savez, les journalistes ont un regard stéréotypé sur les banlieues, c’est pour cela qu’ils ont besoin d’être formatés, non, pardon, formés, pour avoir un avis plus construit.
Oui, des formations dans les écoles pour aller dans les banlieues. Parce que vous savez, le travail d’un journaliste, ce n’est pas d’aller chercher l’information en parlant aux gens qui vivent dans ces banlieues. Ce n’est pas de les écouter, ce n’est pas de raconter, non, non.
Les banlieues ne sont pas que des HLM
Les banlieues, ce sont les personnes qui y vivent au quotidien. Le travail du journaliste, dans ce contexte ou même hors de ce contexte, c’est d’aller voir ces personnes. D’écouter ce qu’elles ressentent, ce que sont leurs vies. Faut-il une formation pour cela ? Non. Ce serait aller à l’encontre du fondement de notre profession, qui est de chercher, d’écouter et de raconter. Ce serait différencier les habitants des banlieues des habitants en zones rurales, en zones résidentielles.
Avant de penser à faire du journalisme dit « utile », pensons déjà à faire du vrai journalisme, du bon journalisme. Du journalisme où l’on va dénicher l’information où qu’elle soit, non pas parce qu’on a reçu une formation ce terrain en particulier, mais parce que c’est notre travail.