Entretiens du webjournalisme 2018 / Table ronde 1 : L’entrée dans la carrière
Lors des 8es Entretiens du webjournalisme, les anciens du Master Journalisme et médias numériques de Metz ont parlé de leurs débuts dans le journalisme et les ont confrontés aux études de Valérie Devillard. Sans nier les difficultés, ils ont livré quelques pistes pour réussir dans une profession où la précarité demeure.
« L’entrée en carrière est le moment où l’on fait peser le plus de contraintes sur un jeune débutant. » C’est par ce (cruel) constat qu’Olivier Standaert, professeur à l’Université catholique de Louvain, a ouvert la table ronde sur l’entrée dans la carrière des jeunes journalistes. Pour ce premier débat des 8es Entretiens du webjournalisme, l’animateur était accompagné de quatre anciens étudiants du Master Journalisme et Médias Numériques de Metz (MJMN) : Romane Mugnier, Marc-Antoine Pelaez, Moran Kerinec et Benjamin Benoit, venus parler de leur expérience. Valérie Devillard, professeure à l’Université Paris 2, chercheuse au Carism et directrice de l’Institut français de presse, était également présente pour apporter son analyse sur l’insertion et les parcours professionnels des diplômés de formations en journalisme. Au cours de cette heure d’échange, les anciens ont raconté leurs déboires mais aussi les éléments qui leur font croire à un avenir meilleur.
Le stage comme déclic
Comme pour de nombreux journalistes, les premiers pas dans la profession se font grâce aux périodes de stage. La formation du MJMN donne la possibilité aux étudiants d’en faire un en première année puis un autre plus long en seconde année. Romane Mugnier a vite compris l’intérêt de cette étape charnière : « J’ai eu beaucoup de chance d’être tombée au bon moment et au bon endroit. Au final, mon stage a abouti à un CDI » au sein de la rédaction d’Usbek et Rica, raconte la jeune femme. Après avoir consulté plusieurs professeurs, proches et journalistes, Moran Kerinec lui fait un stage au magazine Lyon Capitale et s’est rapidement retrouvé sur le terrain. Il est aujourd’hui pigiste pour cette rédaction et celle de Reporterre, où il avait également fait un stage. Marc-Antoine Pelaez, lui, n’a pas fait les choses à moitié puisqu’il s’est rendu au Liban pour effectuer son stage à L’Orient Le Jour. Sur place, il rencontre une journaliste de France 24 qui deviendra son « binôme » et avec laquelle il partira ensuite couvrir la guerre en Irak dès son diplôme en poche. Après des collaborations avec l’AFP ou Le Soir, le jeune homme rentre en France à l’issue d’une expérience inédite.
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Quel dialogue avec la hiérarchie ?
Les intervenants parlent de précarité et d’instabilité mais certains d’entre eux privilégient le dialogue avec la hiérarchie. Un échange compliqué d’après Benjamin Benoît, pigiste pour différents magazines : « On vit au jour le jour. Je n’essaye pas de discuter. Je m’accroche à ce que j’ai. » Un dialogue difficile à instaurer mais néanmoins nécessaire comme l’explique Romane Mugnier. « J’ai eu beaucoup de mal à me plaindre. Si vous êtes un peu timide, comme moi, vous allez mettre six mois à en parler alors qu’un bon rédacteur en chef est compréhensif. » Pour Moran Kerinec, la relation se fait dans les deux sens. « Je vais “pitcher” mes sujets à Paris en face-à-face plutôt que de les envoyer par mail. S’ils ne sont pas acceptés, je peux repartir avec d’autres sujets à traiter en fonction de leurs besoins. »
@_ma_pelaez était étudiant au @MasterJMN de 2015 à 2017. Il est journaliste freelance, correspondant reporter d'images pour @xinhuanewsagenc, journaliste à @M6 et photographe indépendant pour @MaxPPP_Agency. #obsweb pic.twitter.com/c9qs85KoB3
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Deux stratégies pour se vendre
Pour maximiser ses chances et se donner les moyens de travailler pour de grosses rédactions, nos anciens étudiants ont relevé deux stratégies. La première, la plus classique, est la candidature spontanée. C’est le choix qu’a fait Clément Le Foll : « J’ai relevé les coordonnées des rédacteurs en chef dans l’ours pour envoyer mon CV et mon pitch. Après, le tout est d’être clair, bref dans son message et surtout d’avoir la bonne idée avant les autres », confie le jeune journaliste spécialisé dans le sport. De son côté, Benjamin Benoît résume la situation en un mot : réseau. « C’est en se constituant un carnet d’adresses lors de nos études et nos stages qu’on pourra saisir des opportunités. Il est indispensable aujourd’hui, tout comme la présence sur les réseaux sociaux. »
"Deux mots : le réseau". Il faut entretenir des relations avec des confrères journalistes pour @BenjaminBnt #obsweb
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Orane Benoit & Román Barthe