Dario Compagno, enseignant-chercheur à l’Université de Lorraine, a conclu la journée d’études sur les newsbots en appelant à faire des algorithmes les alliés des journalistes.

Mardi 19 novembre, à l’issue d’une journée riche en partages sur la question de l’intelligence artificielle dans les médias, Dario Compagno, maître de conférences à l’Université de Lorraine et coorganisateur de l’événement avec Angeliki Monnier et Brigitte Simonnot, a clôturé les débats sur une note bien tranchée.
Une paranoïa généralisée
Là où de nombreux journalistes voient en l’intelligence artificielle une menace pour leur profession, à l’inverse, Dario Compagno explique qu’il ne faut pas céder à cette paranoïa.
Il débute son intervention en citant « The Next Word », un article paru dans le New Yorker. Bluffant dans son écriture, cet article a la particularité d’avoir été rédigé partiellement par une machine, qui a pris en charge la conclusion de chaque chapitre. Pour lui, « un robot journaliste, reste un journaliste. Ils peuvent produire bien plus qu’un humain et parfois mieux que certains professionnels. »
Dario Compagno explique qu’il existe une différence entre les intelligences augmentées et la vision que le grand public peut s’en faire.
« Quand on parle d’intelligence, l’homme se sent tout de suite concerné puisqu’il considère être la seule entité intelligente sur Terre. On se sent menacé par la technique dès qu’il s’agit de quelque chose qui pourrait être plus intelligent que nous, et qui serait capable de nous remplacer. »
Dario Compagno
Beaucoup considèrent la technologie comme une menace pour le journalisme. Pour eux, un robot ne peut pas faire le travail de journaliste au même titre qu’un humain. Sauf que pour Dario Compagno, elle pourrait, au contraire, être un atout non négligeable. À condition de s’interroger sur ce que l’on veut leur confier, et ce que l’on souhaite conserver comme prérogative humaine.
« Changer nos manières de penser »
L’enseignant-chercheur nous invite à envisager ces « robots » sous un autre angle. Pour lui, les technologies peuvent nous aider à penser et à travailler de manière plus efficace. Il donne l’exemple de Facebook qu’il considère comme un bon outil afin d’optimiser la proximité avec les individus.
Si l’humain n’est pas encore prêt à envisager d’être remplacé ou d’être épaulé par la machine, c’est sans doute parce qu’il la considère encore comme sa subordonnée. Dario Compagno préconise de ré-apprendre à utiliser ces techniques et à ne pas les appréhender de manière craintive.
Il s’agirait, pour l’humain, de changer complètement sa manière de penser. Personne n’a les capacités de rivaliser avec un algorithme en termes de productivité. Il est donc logique de considérer l’algorithme comme un allié et non un ennemi, non pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il pourrait apporter, notamment aux journalistes.
Dario Compagno conclut cette journée par cette phrase quelque peu provocante : « Ce n’est pas de la faute de la technologie si nous en faisons un usage malsain. »